Bonjour Emilie,
Lorsque l’on veut faire croire quelque chose à quelqu’un, il importe de tenir compte de ce que l’on sait de sa crédulité. Un manipulateur ne s’adressera pas de la même manière à une personne naïve ou à une personne qui lui parait être plus méfiante. Vous en voyez une illustration dans la manière dont Valmont s’adresse à la Présidente de Tourvel, prenant mille précautions pour la persuader de ses bonnes intentions, alors qu’il n’en prend quasiment aucune pour Cécile de Volanges. Envisager ce que l’autre est capable de croire ou ne pas croire est nécessaire dès lors qu’on souhaite avoir un effet, obtenir un résultat sur cette personne. Arendt précise bien que le mensonge est souvent façonné de manière à épouser les représentations préalables de celui auquel il s’adresse. Il en devient ainsi plus convaincant que la vérité elle-même. En revanche, le « diseur de vérité » ne doit pas se préoccuper de la crédulité d’autrui, sa poursuite de la vérité est désintéressée. Quant au philosophe, il tente de faire prendre une distance critique à chacun sur sa propre crédulité et ses propres croyances.
J’espère avoir pu vous fournir quelques pistes de réflexion 🙂